édito : les Vallées Occitanes
« Sans nous lasser, allons à l’assaut des lacets »
Voilà qui pourrait être notre mot d’ordre, notre slogan pour nos prochaines sorties, tant il est vrai que depuis les Dolomites nous sommes avides de montagnes et de lacets. Et ça tombe bien puisque notre région en est largement pourvue !
Quel bonheur et quelle chance nous avons chaque mois de retrouver les plaisirs de la route, celle que nous aimons, qui monte et qui descend, qui tourne et qui serpente, celle dont les lacets sont synonymes de conquête et de liberté, alors : « Sans nous lasser, allons à l’assaut des lacets »
Les grandes vacances sont derrière nous, mais les petites devant et oui 3 jours de moto, c’est bon à prendre et 3 jours de plaisir partagés, de passion commune et de chevauchée motarde ça ne se refuse pas ! Et pour nous régaler c’est un programme de choix que nous ont concocté Michel et Elisabetta.
C’est donc l’Italie, plus précisément le Piémont qui sera notre destination pour ce long week-end de quasi rentrée et l’Italie on adore, on s’y sent bien, les gens y sont chaleureux, la nourriture à chaque fois nous surprend par son abondance, sa variété et sa finesse, de plus nous sommes nombreux à mal connaître cette région, alors lâchons nous et partons : « Sans nous lasser, allons à l’assaut des lacets »
Comme d’habitude c’est au Casino du Muy que nous nous regroupons, comme d’habitude tout le monde est bien à l’heure, mais détail inhabituel Patrick n’est pas là ? panne de réveil ? Non d’essence, mais c’est tout aussi ballot, heureusement Patrick l’homme pratique a bien anticipé la chose et c’est proche d’une station d’essence que notre équipage s’échoue. Un peu d’auto- stop, un peu de chance, un peu de perspicacité pour trouver un bidon vide, un peu de temps pour tout remettre en ordre de marche et c’est reparti ! Il s’en fallu de presque rien qu’il ne fut en retard, comme quoi les pannes quand elles sont bien anticipées évitent bien des tourments inutiles ! Amis motards pensez-y, si vous devez tomber en panne d’essence, jamais loin d’une station ! c’est possible et c’est pratique, dixit Patrick !
Pas d’inquiétude Patrick est à l’heure et nous avons le plaisir de retrouver Martine qui comme d’autres ne saurait se priver d’une si belle occasion d’escapade transalpine.
Nous sommes 6 motos sur le parking, Michel, Elisabetta et Denis nous rejoindrons à Castellane, nous ne ferons qu’un seul groupe et c’est Alain qui prend la tête, l’allure est soutenue, disons même rapide, la météo est fraîche et le restera toute la journée puisque nous ne cesserons de monter.
Regroupement à Castellane et départ en seul groupe, certes un peu important mais parfaitement gérable et c’est Michel qui guide, en avant, la route est là qui nous attend, à nous la joie et le plaisir de la découverte, l’enrichissement de nouveaux horizons, de sensations retrouvées, de plaisirs partagés.
Nous prenons la grande et belle route désormais bien connue qui conduit aux gorges de Daluis qui sont au programme de cette sortie, bien sûr chacun connaît ce bel endroit, mais c’est toujours un enchantement que de contempler ces merveilles de la nature.
Nous sommes dans notre élément : la montagne et les lacets, apprécions et soyons conscients de notre chance, nous le sommes ! Pique-nique au bord du Bachelard non loin de Barcelonnette, bel endroit, le soleil est là qui nous réchauffe sans excès, le torrent incite à la rêverie mais nous rappelle aussi, bien à propos que nous sommes dans la réalité d’une nature splendide. Petit café à Barcelonnette et continuation de notre route, direction le col de Larche et la frontière italienne, la montée au col est des plus agréables, la descente également, mais surprend par sa longueur et l’on pense aux cyclistes qui en font l’ascension côté italien, il faut des jambes, du souffle et une grosse volonté.
Nous sommes en Italie et c’est toujours un bonheur, nous ne sommes pourtant pas bien loin de nos bases et cependant nous avons une impression de dépaysement, la langue bien sûr, chantante à souhait, l’environnement aussi, rarement triste ou austère, les paysages tellement variés et tout le reste si souvent évoqué : la cuisine et l’accueil, bref nous aimons l’Italie et c’est toujours un grand plaisir que d’y revenir, que l’on m’entende !!!
C’est alors que Michel et Elisabetta nous sortent leur botte secrète, entendez le début pour nous de la découverte de ce programme minutieusement préparé, en particulier en ce qui concerne le choix des routes et quelles routes, ne parlons (et pour cause) que de celles d’aujourd’hui et intéressons nous à celle qui nous conduit à Valdieri ! Minuscule, elle serpente, tourne, s’enroule au milieu d’un tunnel végétal, nous y sommes seuls, les couleurs d’automne par endroits y font leur apparition, nous nous enfonçons dans les profondeurs de la forêt, l’ambiance est particulière, de la brume, un peu de froid on pense à Merlin et à Brocéliande, si vous aimez le grand air, ici nous en avons et beaucoup !
Michel et Elisabetta proposent plutôt que d’aller directement à l’hôtel de faire un crochet par les termes de Valdieri, c’est vrai qu’il est un peu tôt, alors profitons encore de ce site isolé et sauvage qu’il faut découvrir grâce à une route des plus charmantes, bonne pioche le détour valait la peine et on se plaît à rêver de rando pédestres, nous voyons de nombreux départs de balades, le site mériterait sûrement d’être découvert à pied, qui sait peut-être une autre fois.
Nous arrivons à notre hôtel « Fungo Réale » qui comme son nom l’indique évoque les champignons. Cet hôtel mérite le détour au propre comme au figuré, il ne faut pas le rater, peu visible de la route, il faut avoir l’œil, ne le cherchez pas sur internet, la modernité ne fait pas toujours bon ménage avec la bonne cuisine à l’ancienne, ici c’est le bouche à oreille qui tient lieu de publicité, allez savoir comment les Leconte ont fait leur compte pour trouver cette perle ? Mais tout compte fait, le choix est sans conteste judicieux et le rapport qualité prix imbattable, surtout ne le répétez pas, il est bien que ce genre d’adresse reste en dehors des logiciels pseudo-éclairés et autres spécialistes et critiques des soi-disant bonnes adresses.
Je ne me lancerai pas dans un inventaire à la Prévert pour énumérer la ronde, la farandole ou la multitude des plats, mais c’est bien de cela dont il s’agit : abondance et qualité, tout ou presque à base de champignons, hallucinant ! bien sur la quantité peut être freinée, mais l’excellence de ce qui nous est proposée résiste et fini par avoir raison des volontés les plus fermes et de plat en plat force est de constater que le plaisir gustatif, pourrait bien avoir des conséquences néfastes sur les plaisirs oniriques de la nuit.
Mais goûtons à ceux, de l’instant demain est un autre jour et tant pis si la nuit à venir et la journée de demain auront à souffrir d’un relâchement de notre volonté, par ailleurs trop difficile à contenir.
Voilà des prémonitions hélas par trop réalistes, car les perturbations annoncées sont bel et bien arrivées, mais ce ne sont pas celles redoutées de la digestion, mais celles des cieux incléments qui nous déversent sans discontinuer des tonnes d’eau avec en prime de l’orage, de quoi nous rendre perplexe quant à la suite de notre programme. En pareil cas il est urgent d’attendre, la météo peut s’inverser, il y a des précédents (Les Dolomites) et c’est ce que nous faisons, le plan B serait de modifier le programme quitte au pire à nous rendre directement à l’hôtel suivant, si tant est que demain soit meilleur et que dit la météo ? Pas bon, pas bon du tout…. pour la journée de demain, alors il faut prendre une autre décision et celle qui s’impose parce que la plus raisonnable, bien qu’elle soit un crève-cœur, c’est de renoncer et repartir en arrière, autrement dit : retour à la maison, c’est dur, mais il n’y a pas d’autre possibilité, il faut quand il faut, faire ce qu’il faut.
La pluie se calme, puis reprend, mais ne semble pas vouloir s’arrêter et la mort dans l’âme il faut bien se résoudre à nous équiper et tourner les motos dans l’autre sens.
Retour par le col de Tende, chemin le plus direct, nous roulons prudemment et la pluie qui nous accompagne, si elle tombe continument n’a plus l’intensité du début de matinée, de sorte que la gêne est supportable.
Nous arrivons en fin de matinée à Breil sur Roya pour la pause déjeuner, qui en raison du régime d’hier soir sera pour la plus part d’entre nous très allégé.
La pluie s’est calmée, mais le ciel reste très menaçant, alors deux propositions sont faites : retour direct par Vintimille ou variante par le col de Brouis et Sospel. Deux groupes se forment et chacun repartira selon son choix.
Nous n’avons eu de ce programme contrarié par la météo qu’un avant-goût, mais cette approche sur le terrain et la lecture de ce qui aurait dû suivre, nous laissent dans un abîme d’impatience d’y retourner.
Bien sûr c’est un week-end écourté, mais après tout c’est quand même un week-end et rouler sous la pluie quand c’est rare a sûrement un intérêt, comme tout ce qui est rare, pensez à l’odeur de la pluie d’été, pensez à la couleur du gris, compromis parfait entre le blanc et le noir ( ça c’est pour Martine) …, de plus nous avons eu tous les ingrédients qui sont le sel de nos sorties : bonne ambiance, beaux parcours et restau au-dessus de tout éloge ! Alors plutôt que des regrets, considérons malgré tout notre bonne fortune !
Merci à Michel et Elisabetta pour ces bons moments, le choix des parcours et le celui de l’hébergement, mais ne nous laissez pas trop longtemps dans l’attente d’une nouvelle escapade italienne !
Ainsi nous pourrons « Sans nous lasser aller à l’assaut des lacets »
JY Raconteur motodidacte .
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